fbpx
Fantin Latour Wagner Lithographie Chapelle de Windsor

Fantin-Latour, peintre de l’hommage

16 Avr 2021 | Bain de saison, L'art et l'actu

L’inventeur du #RIP

Demain, la planète entière entendra le glas sonner pour le Prince Philip à 15h, heure de Londres. La famille royale d’Angleterre dira au-revoir au mari, au père et au grand-père. Nous constaterons que la couronne ne protège ni de la douleur, ni des règles de distanciation cruelles en période de deuil. Parce que c’est presque un siècle qui quitte ce monde et que la compassion est l’un des sentiments qui nous anoblit, nous communierons sur les réseaux sociaux. Nous serons unis par millions par le hashtag RIP : Rest In Peace. L’occasion de vous parler de son inventeur : Fantin-Latour. Vous connaissez Fantin, peintre des fleurs. Comme une hirondelle, à lui seul il fait le printemps dans une des capsules sonores de notre Bain de saison. Découvrez Fantin-Latour, peintre de l’hommage.

Adieu plaisir de vous voir*

Henri de Fantin Latour  (1836-1904) aurait été de grand secours auprès de la cour, pour aider à redimensionner les funérailles planifiées de longue date pour le Prince, comme pour chaque membre de la famille royale. 30 personnes, oui mais lesquelles ? Qui pour rendre hommage à l’homme aimé et admiré ? C’est l’une des facettes du talent de Fantin Latour qu’ordonner les hommes dans les groupes. *Lettre à son ami Edwards.

Hommage aux maîtres

Sa vie durant, il ne cessa de placer ses pinceaux dans la trace de ceux des maîtres. Il passa des heures au Louvre à copier Véronèse, se référant souvent à ses notes même tard dans sa carrière. Il aurait fait au moins 5 copies des immenses Noces de Canaa. C’est là la preuve d’admiration d’un peintre que le respect devant un chef d’œuvre comme celui-là. On doit, à défaut de talent, montrer que l’on s’est donné toute la peine possible. On connaît également ses portraits de groupe si particuliers, motivés par son irrépressible besoin de rendre grâce aux talents qu’il admirait, disparus ou toujours de son monde. Delacroix, Baudelaire, Manet et Berlioz.  Dans L’Hommage à Delacroix, on peut voir dans la multitude des artistes présents autour de la figure du maître, le peintre américain et ami intime Whistler, honorant Delacroix d’un bouquet, quand Fantin pose en selfie, palette à la main. « Delacroix, tes admirateurs te rendent hommage et se reconnaissent dans cet acte d’union. » Le #RIP était né.

Fantin Latour rend hommage au peintre Delacroix

L’Hommage à Delacroix (dans le cadre) réunit Fantin et Whistler, mais aussi parmi les plus connus, Manet et Baudelaire (Musée d’Orsay).

Le choix des fleurs 

C’est en peignant ces hommages collectifs que Fantin Latour fut découragé par l’inconstance des hommes. Pour la toile hommage à Baudelaire, à l’occasion d’un anniversaire de sa mort, le poète Albert Mérat fit faux bond. Il ne voulait pas croiser Rimbaud. Trop tard pour revoir la composition, Fantin Latour remplaça l’absent par un hortensia blanc. L’œuvre fut rebaptisée Coin de table…  Fantin disait des fleurs : C’est un modèle qui est toujours prêt, il offre tous les avantages : il est exact, soumis et on le connaît avant de le peindre. Si demain, Harry est assis à côté d’une plante,  vous penserez à moi.

Le recueil dans la musique

S’il fallait trouver un exutoire à l’émotion de la cérémonie, Fantin conseillerait aussi la musique. Sans doute proposerait-il la marche funèbre de Siegfried dans le Crépuscule des Dieux… L’histoire d’un héros quittant une femme aimée et une famille divisée. Fantin Latour était un admirateur fou de Wagner. Il estimait la musique, celle-ci en particulier, bien supérieure à la peinture et aux mots, dans sa capacité à dire l’indicible et à remuer l’homme au plus profond. C’est la musique qui a nourri l’inspiration d’une autre part considérable de son œuvre : les « sujets d’imagination », fluides, souples et flottants, envahissant toute l’espace de la toile ou de la pierre. Fantin Latour a consacré beaucoup de temps à l’estampe, particulièrement pour ces sujets musicaux. Une évolution totale, pour un artiste qui n’aimait pas les scènes de mouvement et ne peignait pas en plein air, pour ne pas avoir à déjouer les nuages et le vent.

Siegfried et les filles du Rhin

Des estampes, pastels et toiles guidés par la musique, en particulier Wagner. Ici Siegfried quitte les filles du Rhin, dans le Crépuscule des dieux, opéra de la Tétralogie créé en 1876.

Retrouvez Fantin Latour en mots et en musique dans le Bain de printemps, en 1 clic.
Plus de natures mortes de fleurs, dans notre précédente News qui donnait déjà des ailes, ici

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Qu’est ce qui fait marcher Rembrandt ?

Qu’est ce qui fait marcher Rembrandt ?

Qu’est ce qui fait marcher Tapie ? Mais qu’est ce qui fait marcher Tapie ? J’ai encore la petite phrase de la pub Wonder dans la tête et je ne vous cache pas que petite, j’étais très réceptive au charme de Ken Tapie bousculant Barbie secrétaire. Ce qui a fait marcher...

lire plus
La carrière suicidée de Jeanne Hébuterne

La carrière suicidée de Jeanne Hébuterne

Il était immigré, elle était française. Lui d’une religion, elle d’une autre. On se relevait à peine d’une guerre mondiale. Ils étaient artistes et mangeaient par intermittence. Le temps tournait au vent et au froid et se chauffer serait bientôt un luxe intermittent...

lire plus